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dimanche 14 septembre 2014

Le prodigieux destin de Peter : Inspirations

Je lisais, regardais, écoutais quoi quand j’ai écrit ce roman ?



Mais d'abord, l’intertextualité, qu’est-ce que c’est ?

La notion d’intertextualité est très étudiée par les linguistes et autres professionnels de la littérature. C’est l’ensemble des textes qui influence un auteur lors de son écriture. L’influence peut être clairement énoncée (comme dans le cas d’une citation) ou à peine consciente. Je vais étendre cette notion aux rêves, films, photos ou simples cartes postales. Tout ça dans le but de démontrer qu’un auteur en plein création n'est ni plus ni moins qu’une éponge.
J’ai choisi de traiter de l’exemple le plus récent parce qu'il a l'avantage d'être encore frais dans ma tête. Le prodigieux destin de Peter est publié chez l’École des Loisirs et sera disponible en librairie dès le 15 octobre 2014.


1 – Mes rêves

Publicité pour les librairies Steimatzk.
Le sommeil paradoxal est un drôle de monde. Je ne sais pas si c’est le fait que je sois narcoleptique, mais mes rêves sont parfois d’une complexité incroyable. Ils se peuplent de personnages complètement inconnus et de paysages jamais visités jusqu’alors. J’ai parfois l’impression d’aborder les rives d’un territoire réel, un continent en perpétuel changement modulé par des rêveurs plus hardis que les autres.
Une étrange histoire de chaudière...
Il était une fois un petit garçon installé dans une usine parcourue de gros tuyaux verts tous reliés à une gigantesque chaudière. Pour une raison inconnue, la chaudière se mit à dérailler. La chaleur augmenta tant que les tuyaux se ramollirent comme de la guimauve. Leur corps déformé bloquèrent les issues, interdisant tout échappatoire. Finalement, la pression fit exploser la chaudière. Un liquide visqueux se répandit dans la pièce comme une immense vague noire. Le garçon fut enseveli. Pourtant, il ne mourut pas. L’étrange pâte brûla ses cheveux mais épargna sa vie...
Je me réveillai le matin avec ce rêve et le nom de ce qui courait dans les tuyaux : la pâte de Polyductimère. Ainsi naquit la première idée de Peter Petons. L’histoire était tellement étrange qu’elle me hanta pendant une bonne semaine. Je finis par coucher sur le papier une première ébauche d’explication : qui était ce garçon, que faisait-il là, quelle était son histoire ?

Super Girl by Joshua Middleton
Voler !
Je ne compte plus le nombre de nuits que je passe à voler. Les rêves sont d’un réalisme saisissant. Les ailes sont l’extension de mes omoplates, je peux les plier et les déplier à loisir. J’arrive même à sentir la pression de l’air sur mes plumes et ma peau quand je vole. Mais comment est-ce possible ? Comment mon cerveau parvient-il à créer des sensation dans des muscles que je ne possède pas ? Le souvenir de ces moments de vol m'a été bien utile quand Peter a déployé ses ailes pour la première fois. Je savais ce qu'il ressentirait puisque je l'avais moi-même déjà vécu en rêve. Il ne me restait plus qu'à le retranscrire.



2 - Les livres lus

 Johannes Cabal le nécromancien de Jonathan L. Howard aux éditions Eclipses.
Pour récupérer son âme (vendue au diable il y a quelques années déjà) Johannes Cabal doit faire signer cent contrats de cession d’âme en une année. Pour ce faire il dispose d’une fête foraine ambulante et de l’aide de son frère Horst, un vampire débordant de la compassion que Johannes ne possède pas.
Ce livre n’est pas mauvais en soi, il n’est pas non plus terrible, le style de l’auteur laissant à désirer (à moins que ce ne soit un problème de traduction). Il m’a néanmoins donné envie d’en savoir plus et m’a amené à faire des recherches sur les freak show. La preuve qu'on peut aussi se laisser influencer par de mauvais livres.
Changelins (T1 Evolution) de Sophie Dabat chez Black Book Editions. J’ai lu ce roman il y a peut-être trois ou quatre ans. Je pense que l’histoire de cette jeune fille à qui il pousse des ailes m’avait marqué plus profondément qu’il n’y paraît. C’est en parcourant récemment ma bibliothèque et en tombant sur ce livre que je me suis dit qu’il y avait une familiarité avec Peter Petons. Sauf que ce sont des ailes de chauve-souris qui poussent au final sur ses omoplates.


3 - Les livres non lus

Aussi improbable que cela puisse paraître, mon imagination a été influencée par des livres que j’avais envie de lire.
Cornes de Joe Hill est l’exemple le plus parlant. Il y a des mois que ce titre est dans ma liste de livres à acheter. Mais mes ressources étant limitées, j’ai d’abord attendu que ce bouquin sorte en poche. J’en connaissais vaguement l’accroche (un homme se réveille un matin avec des cornes sur la tête) et ce simple résumé a apparemment suffi à mon cerveau puisque j’ai construit ma propre version d’homme cornu pour un personnage secondaire de Peter Petons.
Depuis, j’ai lu Cornes et je dois dire que je ne regrette absolument pas d’avoir attendu aussi longtemps. Ce livre est excellent et je n’ai pas décroché avant la dernière page. Il paraît que Joe Hill est le fils de Stephen King. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il a hérité du talent de son père.
Un film inspiré de ce roman sort très bientôt au cinéma (le 1er octobre 2014) avec Daniel Radcliffe (Harry Potter) en héros torturé. Drôle de choix d'acteur... Nous verrons comment le chouchou de Poudlard s'en sort.
Miss Pérégrine et les enfants particuliers de Ransom Riggs aux éditions Bayard. Encore un livre qui me tente beaucoup mais dont je n’ai pas encore fait l’acquisition. Néanmoins, la seule puissance de la couverture a suffi à titiller mon imagination.

4 - Les séries télés

Carnivàle (la caravane de l’étrange en version française). Un petit bijou. Cette série a été diffusée il y a presque 10 ans maintenant et elle a malheureusement été annulée au bout de 2 saison (au lieu des 6 initialement prévues) par HBO mais son ambiance fantastique a marqué ceux qui ont eu la chance de la voir. L’histoire : dans une Amérique désabusée par la crise, au cœur des années 40, Ben le fermier change de vie pour rejoindre la troupe d’un cirque itinérant. Le jeune homme possède malgré lui le don de guérison et il est tourmenté par des rêves étranges et prophétiques. Son chemin va croiser celui du révérend Justin, hanté par les mêmes visions. Les deux hommes sont liés par un destin commun dans ce monde en pleine (dé)construction. Reste à savoir s’ils en seront le destructeur ou le sauveur.
Dans une ambiance très “freak”, cette série envoûtante laisse son empreinte dans votre cerveau. Si vous avez l’occasion de la voir, ne passez pas à côté !

5 - Les photos

Burning Man
Burning Man by Trey Ratcliff
Chaque année, au mois d’août, un village temporaire se crée au cœur du désert de Black Rock dans le Nevada. Pendant une semaine, les lieux se peuplent de milliers de participants (les Burners). Ils vivent là en auto-suffisante (pas de production de déchets), s’émancipent des lois du marché (le troc remplace l’argent) pour créer une communauté où chacun exprimera son art et sa folie personnelle. Une gigantesque effigie humaine est dressée au beau milieu du site, elle sera brûlée à la fin du festival (d'où le nom de Burning Man). Sculptures, spectacles, théâtre, performances, concerts, aucun mode d'expression artistique n'est oublié. On favorise la culture du moment présent et l’interaction entre les personnes. Un temple sans religion accueille les Burners qui ont besoin de se recueillir. Lui aussi sera brûlé à l'issue du festival et reconstruit l’année suivante.
Burning Man by Trey Ratcliff
Bref, Burning Man a fait vibrer ma fibre hippie. Ce doit être une expérience hors du commun à vivre au moins une fois. J’ai découvert l’existence de ce festival incroyable grâce aux photos splendides de Trey Ratcliff (vous trouverez un lien vers son site à la fin de cet article). Certaines de ces prises de vue m’ont orienté dans mon écriture. En particulier pour l’idée du personnage d’Astaroth le cracheur de feu ainsi que pour l’aspect final de la roulotte de Peter.

Paris 1914 en autochrome
Rue du Faubourg Saint Denis. Sûrement tôt le matin.
Le musée Albert Kahn est en train de numériser des photos de Paris datant d’il y a un siècle. Grâce à un procédé inventé par les frères Lumière, on était déjà capable en 1914 de prendre des photos en couleur. Une histoire de fécule de pomme de terre colorée (voir le lien vers l'article wikipédia à la fin de l'article pour plus d’information). Bref, les prises de vue ainsi obtenues sont dans les teintes de l’époque et c’est beau. Ça m’a permis de me faire une idée de ce à quoi ressemblait la capitale au siècle dernier : le trafic, l’allure des rues, les moyens de transport, les métiers, les vêtements… Une mine d’informations visuelles.

De vieilles cartes postales glanées sur internet
Orchestre de cirque (entre deux guerres)
Rien de telles que les images d'époque. Photos de cirques, d'artistes, ce sont des instants figés pour l'éternité. Chacune raconte une histoire, à nous d'imaginer laquelle. Avez-vous remarqué la silhouette dans la fenêtre du milieu. C'est finalement cette personne qu'on ne voit pas qui est la plus intéressante de la carte postale. Qui est-elle? Pourquoi ne pose-t-elle pas devant le photographe? Vous avez remarqué aussi l'enfant à la fenêtre de gauche? Ce sont des détails de ce genre qui éveillent l'imagination.


7 - Ce dont je ne me suis pas inspirée

 On pourrait croire en lisant les chapitres précédents que je suis une passionnée du cirque. Il n'en est rien. Ma dernière expérience d'un tel spectacle remonte à mon adolescence et je dois dire qu'elle m'a franchement vaccinée. J'en garde un souvenir pitoyable. Au cours de la représentation, un cheval est tombé sur son écuyère, les funambules ont raté la plupart de leurs sauts, les deux clowns faisaient plus pitié que rire et, surtout, le dresseur a failli passer sous les griffes de ses lionnes parce qu'elles étaient en chaleur. Ah, elles étaient loin les paillettes et le ravissement que j'associais au cirque! C'est sûrement pour cette raison que j'ai voulu faire du Cirque des Merveilles (le cirque de Peter) un endroit de rêve. J'ai réécris ma propre version du cirque, la vision fantastique que j'en avais quand j'étais petite.
Bien sûr, je ne dis pas que tous les cirques sont pitoyables, je suis sûre qu'il existe encore de beaux cirques qui font rêver les enfants et leurs parents. Je dis juste que ma propre vision du cirque a été écorchée par des gens qui n'y croyaient pas eux-même.
Une dernière photo de Tray Ratcliff juste pour le plaisir. ça ne vous donne pas envie d'aller à Burning Man?

Pour aller plus loin


Voilà un article qui parle avec talent de Carnivàl

N'hésitez pas à aller faire un tour sur le site de Trey Ratcliff

Pour les fans d’Antoine de Maximy, le baroudeur est allé dormir à Burning Man : J'irai dormir à Burning Man. Ne ratez pas le bonus spécial Space cake, de quoi vous vacciner de tenter la même chose.

Un article wikipédia sur la technique de l'autochrome

Pour voir les belles photos mises en ligne par le Musée Albert Kahn, c'est par là. Mais vous pouvez aussi aller faire un tour sur le très bon site U-funk pour visionner les photos en grand


2 commentaires:

  1. Ce livre m'a beaucoup plu! Et il a trouvé d'autres échos chez moi:
    -la première partie m'a rappelé le début du film "Charlie et la chocolaterie" de Tim Burton (j'avoue que je n'ai pas lu le livre de Roald Dahl) pour la présentation de la famille et son installation dans l'usine
    -en lisant la suite, j'avais en tête des images de "Big fish" de Burton (encore) pour l'univers du cirque merveilleux
    -aussi, le film d'animation "Un monstre à Paris" avec -M- et Vanessa Paradis pour le décor du Paris rétro de la troisième partie et l'univers de la scène (et la question de la différence, de la "monstruosité")
    -de manière générale, l'ambiance m'a fait penser aux films de Jean Pierre Jeunet ("La cité des enfants perdus" (en moins sombre!), "Micmacs à tire-larigot")
    -certains passages, de la première partie, m'ont aussi évoqué "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" (par l'accumulation de petits détails dans les descriptions)
    Enfin, comme c'est agréable de lire une histoire originale qui rappelle de bons moments et de jolies images!
    V.D.

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    Réponses
    1. Cher V.D.
      Je n'ai pas créé de catégorie Films mais, si je l'avais fait, j'aurai pu volontiers y mettre Jean-Pierre Jeunet et Tim Burton. Ce sont des très beaux compliments, merci.

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