Ah, LA grande question que tout
jeune écrivain se pose !
Je me la suis posée longtemps, c’est
vrai, jusqu’au jour magique où j’ai reçu un oui par téléphone. Les
bonnes nouvelles se font souvent par téléphone, les mauvaises arrivent bien
souvent par la poste.
Je ne prétends pas posséder de formule magique. Loin de
là ! Je peux juste vous aiguiller pour vos démarches car je sais qu’il y a
quelques détails qui changent la donne.
1. Faites un bon manuscrit
C’est malin, vous allez me dire. Ça
vous paraît évident ! Ce que je veux dire par “bon manuscrit” c’est que
vous devez être convaincus de la qualité de votre travail. Est-il vraiment
achevé ? A t-il vraiment la forme que vous comptiez lui donner ? En
êtes-vous totalement satisfaits ?
2. Écrivez dans un français correct
Il n’y a rien de plus décourageant
pour un éditeur qu’un texte bourré de fautes. Vérifiez vos participes passés,
vos conjugaisons, vos pluriels. Au moindre doute, plongez-vous dans le
dictionnaire ou le Bescherelle. Il n’y a aucune honte à ça. J’ai souvent des
doutes sur la façon d’utiliser tous et tout (on dirait que la règle ne
s’imprime pas dans mon cerveau) alors je vérifie dans un vieux Bled toujours à
portée de main sur mon bureau.
3. Privilégiez une mise en page classique
Faites simple. Ecrivez en Times New
Roman, taille de police 12 ou 14, marges normales. C’est la mise en page la
plus facile à lire, celle qui ne demande aucun effort d’adaptation.
N’oubliez pas de numérotez les pages
et de rappeler, au début ou à la fin de votre manuscrit, votre nom et vos
coordonnées.
Joignez une lettre de présentation
dans laquelle vous résumerez votre histoire et cernerez la catégorie et l’âge
du lecteur.
Si vous n’êtes pas dessinateur mais
que votre texte comporte des illustrations, des cartes, contentez-vous de le
signaler dans la lettre de présentation de votre manuscrit. De la même façon,
faites sobre pour la première page de votre manuscrit. Pas de dessin ou de
photo pour faire “comme si” c’était une couverture.
4. Ne reliez pas votre manuscrit
Vous vouliez faire un joli manuscrit
avec du papier de belle qualité parce que c’est toujours mieux sur le bureau de
l’éditeur ? Ne le faites pas. C’est une dépense en plus pour vous et
l’éditeur s’en contrefiche. Des feuilles libres de qualité classique c’est tout
aussi bien. Ce qui compte vraiment est à l’intérieur des pages.
5. Soyez numériques… (ou pas)
Les manuscrits, c’est la méthode
classique. Mais, certains éditeurs privilégient de plus en plus le format
numérique. Plus de papier, plus d’enveloppes gonflées par des centaines de
pages, ils préfèrent recevoir vos textes par mail. Il vous suffit souvent de
vous renseigner sur leur site. Par exemple Bragelonne ou l’Atalante n’acceptent
que du numérique alors que Gallimard ou Bayard ne jurent que par le manuscrit
papier.
Dans le cas d’un envoi numérique,
privilégiez un traitement de texte connu de tous. Word est le plus couramment
utilisé, sur mac comme sur pc. Si vous travaillez sous Open Office, envoyez
votre manuscrit en deux exemplaires : une version en .odt et l’autre
enregistré en OpenOffice pour Word. Un éditeur qui ne peut lire votre envoi ne
prendra pas la peine de vous demander une version lisible, il laissera tomber
et passera au suivant.
6. Joignez une enveloppe timbrée avec votre manuscrit
En cas de refus, l’éditeur ne
s’embarrasse pas à vous renvoyer votre manuscrit. Non, il le détruit. C’est
cruel mais c’est comme ça. Il croule sous les arrivages, il n’a pas le temps de
penser au pauvre petit écrivain en herbe qui a passé tant de temps à
l’imprimer, le relier (inutile, relisez le conseil numéro 4). Alors, si vous
voulez récupérer votre manuscrit dont l’éditeur ne veut pas, glissez dans votre
envoi une enveloppe affranchie au poids du manuscrit et libellée à votre
adresse.
7. Définissez la ligne éditoriale
Renseignez-vous sur un éditeur avant
de lui envoyer quoi que ce soit. Quelle collection correspond le mieux à votre
texte ? Quel est le nom du directeur de collection ? Adressez votre
manuscrit non pas au comité de lecture mais à ce fameux directeur de
collection.
Et n’hésitez pas à aller voir sur le
site de l’éditeur ses exigences en matière de manuscrits. Pour certains, c’est
très précis, ils veulent une mise en page comme ça et pas comme ça. Telle taille
de police, telle marge…
8. Soyez patients
Après l’envoi, l’attente peut être
longue, très longue. De quelques semaines à plusieurs mois. Ne vous rongez pas
les sangs (quelle expression étrange) mais profitez de ce temps offert pour
travailler sur un autre manuscrit, une nouvelle idée.
9. Laissez tomber les salons
Sur les salons du livre, les
éditeurs sont là pour faire leur publicité, ils sont en représentation. Pour
avoir travaillé sur des stands d’éditeurs (avant, j’étais libraire… mais ça
c’était avant), je peux vous dire que l’écrivain timide qui souhaite soumettre
son manuscrit en main propre n’est pas le bienvenu. Désolée, mais c’est la
triste vérité ! Si, tout de même, pour être gentil, on vous prend votre
manuscrit, il risque d’être déposé sur une étagère dans la réserve où il sera
oublié.
Au moins, quand vous faites un envoi
par la Poste, votre manuscrit arrive au bon endroit, à la bonne personne qui
pourra s’occuper de votre cas quand elle aura le temps.
10. Restez humbles
Des refus, vous allez en recevoir.
Et des pas gentils en plus. Des lettres de refus très froides et complètement
impersonnelles qui ne vous expliqueront même pas pourquoi on ne veut pas de
vous.
Mettez-vous quelques secondes à la
place de l’éditeur… Il reçoit des centaines de manuscrits par mois. Il va
consacrer dix minutes à votre histoire, lire les premières pages puis le reste
en diagonale (ou la totalité s’il est séduit) et puis passer au manuscrit
suivant. Il n’a malheureusement pas le temps de faire un compte rendu de
lecture. C’est comme ça. Il faudra vous contenter d’une lettre type qui
explique que votre manuscrit ne correspond pas à la ligne éditoriale.
11. Ne vous découragez pas !
Tous les auteurs ont essuyé des
refus avant de trouver enfin leur éditeur. Être édité, c’est comme une
rencontre, il faut le bon moment et la bonne personne. Alors, surtout,
continuez à écrire et ne vous désespérez pas. Si ce n’est pas cette histoire,
ce sera la suivante.
Mais surtout, gardez le plaisir
d’écrire et d’inventer des histoires, cela s’en ressentira dans votre texte.
Enfin, je vous laisse avec deux
articles de l’Express qui s’intéresse régulièrement au monde de l’édition :
Illustration Are you my Type ? issue du site de polices de caractères You Work For Them
Ooh, merci beaucoup pour ces precieux conseils ! J'adore vraiment vos livres, Framboise me fait beaucoup rire ! Merci beaucoup pour les livres que vous avez écris.
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